[898] Gibraltar-France (0-3) : détroits buts, détroits points

Publié le 17 juin 2023 - Bruno Colombari

Il n’y a eu ni record, ni même match plaisant sur la prairie desséchée de Faro, dans une ambiance champêtre. Gibraltar s’est battu avec ses moyens contre des Bleus décevants, ce qui n’était pas suffisant pour éviter la défaite, mais utile pour lui donner des proportions honorables.

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Le résultat était-il prévisible ?

Face à un adversaire du gabarit de Gibraltar (201e mondial au classement FIFA), il y avait trois scénarios possibles : celui, espéré par beaucoup, d’une victoire très large qui aurait même pu dépasser celle de Limassol en 1980 à Chypre (7-0) et constituer un nouveau record à l’extérieur. Celui, redouté, d’un match mal ficelé dans le genre de celui contre le Luxembourg en septembre 2017 (0-0). Et bien sûr, tous les niveaux intermédiaires, à savoir une victoire plus ou moins laborieuse.

C’est finalement la configuration andorrane qui a prévalu. Lors de la saison 1998-99, la principauté pyrénéenne avait encaissé autant de buts en trois heures que le Brésil en 90 minutes, c’est dire à quel point les champions du monde avaient vendangé. En 2019, ça avait été un peu plus simple, mais pas folichon non plus (4-0 à l’aller, 3-0 au retour). On sera donc dans ces temps de passage en 2023, à moins que le retour en novembre donne lieu à un score spectaculaire.

L’équipe est-elle en progrès ?

Tout dépend par rapport à quand. Si on la compare à celle qui a tout fait de travers lors des précédents mois de juin, et en particulier celui de 2022, ce 3-0 à l’extérieur est plutôt rassurant. Mais par rapport aux deux matchs de mars, c’est un match frustrant, joué à une allure très lente et avec un déchet technique surprenant pour un vice-champion du monde (31 tirs, 3 buts dont un pénalty et un csc, le bon vieux combo 2018), face à une opposition certes vaillante, mais pas spécialement douée. Contrairement au match contre le Kazakhstan en novembre 2021 (8-0), où les Bleus avaient démarré à fond et attaqué à tout va avec entrain, celui de Faro n’a pas ressemblé à grand chose. Le but très précoce de Giroud (3e minute, sur un centre de Coman) a tué tout embryon de suspens, même si rétrospectivement on se dit qu’il vaut cher : sans lui, ce Gibraltar-France aurait pu devenir un modèle de match piège.

Quels sont les joueurs en vue ?

Ils sont rares. On pourra citer Olivier Giroud, toujours là pour mettre un bon coup de tête des familles (son seizième en sélection, quand même) et très vite entré dans la partie, contrairement à d’autres. Et Eduardo Camavinga, intéressant au milieu, qui a essayé de varier le jeu en allongeant des passes qui auraient mérité un meilleur sort.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Il a certes transformé son septième pénalty en sélection (un seul échec, contre le Kazakhstan en mars 2021), mais le match de Kylian Mbappé a été très décevant. Le capitaine des Bleus a été inhabituellement maladroit et, replié dans une position proche de Griezmann, il a peiné à accélérer le jeu. C’est sur un centre de lui que Aymen Mouelhi marque contre son camp le troisième but français. Le meilleur buteur de la Coupe du monde nous doit une revanche lundi.

Kingsley Coman a débuté son match par une passe décisive sur un centre dont il a le secret, et sa première période a été brillante. Mais il a disparu après la pause avant de sortir, encore une fois. Ce n’est pas à Faro qu’il aura joué son premier match international en entier. Aurélien Tchouaméni a aussi beaucoup gâché au milieu, dans une rencontre pourtant facile. Benjamin Pavard n’a pas pris de risque sur son côté, alors que la prestation d’Antoine Griezmann, à peine sauvée par un tir sur le poteau, est très décevante. Et que dire de l’entrée d’Ousmane Dembélé, certes volontaire, mais vraiment maladroit ?

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Contre la Grèce, qui a battu l’Irlande 2-1 à Athènes, les Bleus devront jouer à un autre rythme lundi soir à Saint-Denis, dans une toute autre ambiance, mais sur une pelouse qui risque d’être aussi pénible que celle de Faro, puisque les rugbymen de Toulouse et La Rochelle vont la labourer consciencieusement samedi soir. Une victoire les placeraient sur une trajectoire idéale avec 12 points en 4 matchs, avant la phase retour à l’automne, mais elle ne viendra pas toute seule. Le souvenir cuisant de la défaite à Lisbonne en 2004 (dans un tout autre contexte, certes) doit servir à mesurer à quel point cette équipe peut, sur un match, être empoisonnante.

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