Deux zéro zéro sept, rien que pour vos Bleus

Publié le 22 novembre 2010 - Bruno Colombari

Article initialement publié le 22 novembre 2007 sur le site des Cahiers du football.

C’est le moment de dresser un bilan des effectifs au cours d’une année 2007 riche en innovations. Et au terme de laquelle Sébastien Frey peut se vanter d’être le premier gardien des Bleus à avoir pris un but contre l’Ukraine.

3 minutes de lecture

Avec sept victoires, trois nuls et deux défaites, l’équipe de France a réalisé une année 2007 correcte, sans plus (loin des 12 victoires sur 12 en 1984 ou des 13 sur 14 en 2003), que l’on peut résumer en deux mots : qualification et intégration. La qualification est acquise, quant à l’intégration, elle a tourné à plein régime cette année avec pas moins de neuf nouveaux joueurs, dont trois du millésime 1987 promis à un grand avenir.

Allers et retours

On retiendra aussi le record de buts de Henry, les retours d’Anelka, Evra et Rothen, la disparition de Wiltord et de Saha (aucun match joué), l’éloignement de Cissé (depuis juin), la stabilisation du nombre de nuls à un bas niveau (sept en 2004, cinq en 2005, deux en 2006 et trois en 2007).
Autre curiosité : tous les buts français ont été marqués par des attaquants (Henry 5, Anelka et Benzema 3) ou des milieux offensifs (Nasri et Govou 2, Rothen, Ben Arfa, Ribéry). Que Cissé (quatre matches joués) et Trezeguet (deux) n’aient pas trouvé le chemin des filets est plutôt mauvais signe pour eux.

En défense, le côté droit a connu quatre titulaires (Sagnol, Clerc, L.Diarra et Sagna), aucun des trois derniers ne faisant oublier le premier. À gauche, Abidal a laissé quelques miettes à Escudé et surtout Evra, qui en ont plutôt fait bon usage. Le Barcelonais a alterné en défense centrale avec Escudé, pour pallier – au côté de Thuram – l’absence de Gallas.
La rotation a été importante pour les postes de milieu défensifs, Makelele (qui n’a manqué qu’un match contre l’Autriche), étant associé à Vieira, à Toulalan, à L.Diarra, et aux deux derniers ensemble. On a même eu droit à un très surprenant L.Diarra-Diaby-Mavuba, dix sélections à eux trois.

Première année sans Barthez depuis 1993

Côté milieux offensifs, après des essais à un joueur axial en début d’année (Malouda, Nasri), Domenech est revenu à un schéma plus classique avec deux milieux excentrés (Malouda-Govou, Ribéry-Malouda trois fois, Ribéry-Rothen, Govou-Ribéry) avec une variante à trois milieux derrière une pointe (Ribéry-Nasri-Malouda deux fois, Govou-Nasri-Rothen).

En pointe, Domenech a alterné les matches avec un seul attaquant (Anelka 3 fois, Benzema) et avec une doublette Henry-Anelka (3 fois), Henry-Benzema (2 fois), Henry-Trezeguet, Cissé-Anelka, d’autres combinaisons intervenant bien entendu en cours de rencontre.
Enfin, dans les cages, plus que les sept matches consécutifs de Landreau et la première sélection de Frey, on retiendra que 2007 aura été la première année sans aucune apparition de Fabien Barthez depuis... 1993. Sa fin de carrière ne doit pas faire oublier quel grand gardien il a été.

Frey, à deux mains si vous le voulez bien

L’avant-dernier gardien de but à avoir débuté dans les cages de l’équipe de France, le soixante-dixième de l’histoire, c’était Mickaël Landreau le 3 juin 2001 en Corée contre le Mexique (608). Il aura donc fallu attendre six ans et demi et 88 matches pour voir le suivant, Sébastien Frey, 825e sélectionné en équipe de France. Ses débuts en bleu sont presque aussi mauvais que ceux d’un certain Joël Bats.

Bats débute en septembre 1983 après une litanie d’essais de gardiens par Michel Hidalgo (Rey, Bergeroo, Ettori, Dropsy, Castaneda, Hiard, Tempet, auxquels il faut ajouter Baratelli et Bertrand-Demanes, soit neuf portiers testés avant l’Auxerrois). Il encaisse pourtant trois buts à Copenhague contre le Danemark (1-3) pour la dernière défaite d’Hidalgo. C’est aussi l’avant-dernière fois que Bats encaisse trois buts (2-3 contre la Yougoslavie 2-3 en novembre 1988 pour sa 43e sélection). Il enchaîne ensuite 28 matches consécutifs, une série record pour un gardien, qui aurait même pu monter à 37 si Albert Rust ne l’avait pas remplacé pour le match de classement contre la Belgique, au Mexique en 1986. Bats compte enfin le plus fort pourcentage de présence parmi les joueurs ayant au moins 50 sélections (89,3% de matches joués entre le début et la fin de sa carrière). Il n’aura manqué que six matches entre 1983 et 1989.

On appelait ça des éliminatoires

La phase qualificative de l’Euro a mis bien du temps à sourire aux Bleus. Si les premiers tours des années soixante (parfois réduits à un simple aller-retour) ne posent pas de problème particulier, les années 70-80 ressemblent à un long calvaire, heureusement entrecoupé de trois qualifications en Coupe du monde. Quatre fois d’affilée, l’équipe de France a calé avant que les choses sérieuses ne commencent.

En 1971, les éliminatoires sont fatals contre la Norvège (3-1, 3-1), la Hongrie (1-1, 0-2) et la Bulgarie (2-1, 1-2). Pour passer, les Bleus auraient dû battre les Bulgares à Sofia par cinq buts d’écart. Le petit Emil, cinq ans, fracasse la fenêtre de la cuisine de son appartement à Sofia en tirant de toutes ses forces dans une orange.
Même scénario en 1975 avec Stefan Kovacs aux commandes et des résultats piteux face à la Belgique (1-2, 0-0), la RDA (2-2, 1-2) et l’Islande (0-0, 3-0). À Pointe-à-Pitre, le petit Lilian, trois ans, intrigue les voisins en se mettant à genoux l’index posé sur sa bouche.

Les pieds dans le tapis
En 1979, l’équipe de France de Michel Hidalgo, privée de Platini blessé, se fait sortir contre le Luxembourg (3-1, 3-0), la Suède (2-2, 3-1) et la Tchécoslovaquie (0-2, 2-1). À Marseille, le petit Zinédine, sept ans, tente et réussit une Panenka sous la chaise de la cuisine avec une balle de tennis.

Tenants du titre depuis 1984, les Bleus se prennent encore les pieds dans le tapis en 1987 dans un groupe éliminatoire aussi avenant que Christine Boutin : Islande (0-0, 2-0), URSS (0-2, 1-1), RDA (0-0, 0-1), Norvège (0-2, 1-1). C’est la grande époque des Buscher, Fargeon, Delamontagne, Vogel ou Micciche. Cinq jours après le 32e anniversaire du néo-retraité Platini, le bébé Samir voit le jour à Marseille. Coïncidence ou pas, dès lors tout s’arrange et les qualifications s’enchaînent, parfois facilement (1991 et 2003, que des victoires), plus souvent dans la douleur (1995, 1999, 2007).

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