Bilan 2023 de l’équipe de France (2/6) : le sélectionneur

Publié le 11 décembre 2023 - Bruno Colombari

2023 aura été une année tranquille pour Didier Deschamps : une qualification sans souci pour l’Euro, l’installation de Kylian Mbappé comme capitaine et la construction d’une équipe-type pour 2024 qui ressemble beaucoup à celle de 2022.

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Après Karim Benzema au lendemain de la Coupe du monde, c’est Hugo Lloris (le 9 janvier), Steve Mandanda le 14 janvier) et Raphaël Varane (le 2 février) qui annoncent en début d’année la fin de leur carrière internationale. Ce n’est pas une surprise pour les deux premiers, mais pour Varane, qui n’a alors que 29 ans et dix mois, c’est plutôt inattendu.

Dès lors se pose pour Didier Deschamps la question du capitanat des Bleus. Varane était le vice-capitaine de Lloris, mais en septembre 2022 à Copenhague, en l’absence des deux joueurs, c’est Antoine Griezmann qui porte le brassard pour la première fois. Et quand ce dernier sort à la 81e minute, il le donne à Kylian Mbappé. Pour les deux hommes, c’est une première en sélection, et pas très heureuse puisque l’équipe de France s’incline 2-0.

En mars, Mbappé capitaine

Début 2023 donc, il paraît évident que le futur capitaine sera soit le milieu offensif de l’Atlético, qui va sur ses 32 ans, soit l’attaquant du PSG, qui vient de fêter son 24e anniversaire. Le 20 mars, au premier jour du rassemblement des Bleus avant les matchs contre les Pays-Bas et l’Irlande, le sélectionneur tranche : ce sera Mbappé. Le coup est rude pour Griezmann, qui se sentait légitime pour devenir capitaine, et c’est d’ailleurs ce qu’affirmait Deschamps avant d’annoncer son choix : « il y a un critère, c’est la légitimité. C’est quelque chose qui doit se faire naturellement ».

Mbappé capitaine à seulement 24 ans, ça rappelle forcément Platini (à l’été 1979) ou… Lloris, fin 2010. Et très vite, ce choix semble pertinent puisque les Bleus déroulent face aux Pays-Bas avec un but d’entrée de Griezmann servi par Mbappé, le nouveau capitaine se chargeant lui-même de deux des trois autres buts. Griezmann, dont l’état d’esprit exemplaire n’est plus à démontrer, affiche un grand sourire. « Kylian réunit toutes les cases pour avoir cette responsabilité. Sur le terrain comme dans la vie de groupe, en étant un élément fédérateur », constate Deschamps.

Pour cette première sortie de l’année, Deschamps aligne une équipe 100% Coupe du monde 2022, un 4-3-3 très équilibré où seul Mike Maignan se fait une place. Car c’est lui qui a été désigné gardien numéro un devant Alphonse Aréola et le débutant Brice Samba. La seule fantaisie consiste en l’arrivée de Khéphren Thuram, frère cadet de Marcus et fils de Lilian. Mais le Niçois ne joue que huit minutes (dont sept de temps additionnel), et ce sera, à ce jour, sa seule sélection en Bleu.


 

Pavard et Maignan savent voyager

Quatre jours plus tard à Dublin, on prend presque les mêmes et on recommence, avec seulement les entrées de Kolo Muani, Camavinga et Pavard, lequel signe le seul but du match. Outre le latéral droit, la grande satisfaction vient de Mike Maignan, qui a arrêté un pénalty de Depay face aux Pays-Bas et sorti une parade décisive à Dublin. « Je n’avais pas de doutes et d’incertitudes pour la succession. Quand Mike est en pleine possession de ses moyens, c’est du très haut niveau. »

Les matchs de juin s’annoncent plus simples, mais les Bleus sont échaudés par leurs performances très inégales en fin de saison depuis une dizaine d’années. Deschamps profite du déplacement à Faro (Portugal) pour lancer Brice Samba dans les buts et Wesley Fofana en défense centrale, sachant évidemment que ce ne sera pas dans ce secteur du jeu que la partie se jouera. Le résultat est plus serré qu’attendu (3-0). « On retient les trois points… Comme j’ai dit aux joueurs, on aurait pu et dû marquer plus de buts. Le gardien en face a fait de belles parades, on a touché 4 fois les poteaux. » Ce sera encore plus serré trois jours plus tard contre la Grèce, où il faudra un nouveau pénalty de Mbappé pour débloquer un match verrouillé. L’attaque Coman-Kolo Muani-Mbappé déçoit, mais le sélectionneur est pragmatique : « Il fallait enchaîner derrière une Coupe du monde. C’est une fierté pour moi. Je suis ravi d’être à mon poste. À mi-parcours, on a 12 points en 4 matches. »


 

En septembre, Völler refait des siennes

En septembre, la bonne dynamique se poursuit avec une nouvelle victoire contre l’Irlande (2-0). Sans Konaté, Didier Deschamps retrouve Lucas Hernandez, qu’il associe à son frère côté gauche de la défense, tandis que Upamecano glisse dans l’axe droit aux côtés de Jules Koundé. Devant, Dembélé anime le couloir droit. L’affaire est pliée en début de deuxième période avec le premier but en sélection de Marcus Thuram. Avec cinq victoires en autant de match, et aucun but encaissé, la qualification se profile dès le mois d’octobre.

Mais avant, il y a un amical à jouer en Allemagne contre le pays-hôte du prochain Euro. La Mannschaft est tellement mal en point que Hansi Flick est débarqué en urgence, Rudi Völler assurant l’intérim. Et l’ancien renard des surfaces qui avait marqué trois buts à Joël Bats en deux matchs, joue encore un mauvais tour aux Bleus. Sans Mbappé ni Giroud et avec une défense centrale Saliba-Todibo complètement dépassée, l’équipe de France est vite menée et ne parvient pas à réagir. « On n’a pas l’habitude de perdre. Si on a perdu, c’est qu’on n’a pas bien fait les choses face à une Allemagne très agressive. Le début de match était catastrophique en matière d’agressivité et d’intentions, et ça leur a permis d’ouvrir le score », constate Didier Deschamps, pour qui, clairement, ce match était secondaire par rapport à l’objectif d’une qualification à l’Euro. Ce sera le seul couac de l’année 2023.

En octobre, Clauss revient et Pavard double

Car dès le mois d’octobre, les choses sérieuses reprennent, avec une victoire très probante à Amsterdam contre les Pays-Bas. Avec Mbappé devant et Konaté derrière, ce n’est plus la même chose, et malgré un côté droit encore modifié avec le retour de Jonathan Clauss, les Bleus sont cliniques et l’emportent sur un doublé de leur capitaine au début de chaque mi-temps. « Dans l’état d’esprit, c’est ce que j’attendais car il n’est jamais évident de gagner ici. La qualification est actée. On sera qualifié et premier. Il faut apprécier. »

L’amical qui suit contre l’Ecosse permet déjà de tester des associations en vue de l’Euro, comme une ligne défensive inédite avec Clauss à droite, Pavard et Konaté dans l’axe et Théo Hernandez à gauche. Il y a longtemps que Pavard attendait cette opportunité, et il en est tellement heureux qu’il signe un doublé de la tête en neuf minutes ! En configuration classique au coup d’envoi (Dembélé, Giroud, Mbappé), l’attaque des bleus finit comme au terme de la finale contre l’Argentine avec Coman, Marcus Thuram et Kolo Muani. Pour le sélectionneur, l’état d’esprit comme le résultats sont très satisfaisants : « Il y a de concurrence. J’ai toujours eu plus ou moins des casse-têtes. Je ne vais pas me plaindre de ça. Ils le savent bien. Quand ils ont du temps de jeu, ils ont intérêt à se montrer performants. »


 

En novembre, le match de tous les records

La préparation de l’Euro se poursuit en novembre, avec un double forfait au milieu (Tchouaméni puis Camavinga) qui ouvre un boulevard à Warren Zaïre-Emery contre Gibraltar. Dans une soirée prolifique où les Bleus explosent leur record de buts (14-0), le très jeune parisien réussit ses débuts en marquant à la 16e minute puis en sortant dans la foulée sur blessure. Didier Deschamps, qui a parfois eu à regretter un manque d’efficacité offensive de son équipe sur des matchs faciles, reste mesuré : « S’il y a bien un mot que je n’utilise jamais dans le football, c’est le mot « certitudes ». Des « convictions », profondes, oui, sur la qualité, la capacité, le talent, l’état d’esprit, qui amènent à faire ce qu’on a fait jusqu’à maintenant. »

Le dernier match de l’année, en Grèce et avec une forte rotation (sans Maignan et Mbappé), est clairement celui de trop. Les Bleus ouvrent le score par Kolo Muani avant la pause, mais se font rejoindre puis dépasser par les Grecs autour de l’heure de jeu. L’égalisation de Youssouf Fofana ne permettra de ramener qu’un match nul face ) ce qui aura été finalement l’adversaire le plus coriace pour l’équipe de France. Après le match, Deschamps peste contre l’arbitrage qui n’a pas validé un troisième but pourtant valable, le ballon contré sur un centre de Coman ayant franchi la ligne de but avant de ressortir. « Si on avait dû jouer notre qualification sur ce match... Il n’y aurait pas eu plus de goal-line. On a discuté avec les arbitres. S’ils estiment à 99 % que le ballon a franchi la ligne… » Mais au moins, le sélectionneur a eu la confirmation qu’il y a bien les titulaires et les autres. Et que pour gagner, mieux vaut jouer avec les premiers.

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